lundi 2 septembre 2013

Le schéma de la communication


Roman Jakobson est né à Moscou le 23 octobre 1896.  En 1912, il adhère au mouvement futuriste russe et se passionne pour les avant- de l’art et de la poésie, ainsi qu’aux recherches des linguistes du Cerclelinguistique de Prague  qui cherchent à comprendre comment la structure profonde du langage participe aux actes de communication
En 1920, il s’installe à Prague pour son doctorat et y fonde en 1926 avec avec  Nikolaï Troubetzkoï, Vilèm Mathésius et quelques autres l'Ecole de Prague de la théorie linguistique. Son goût pour la poésie oriente ses recherches vers la phonétique et la phonologie
Etant juif, il quitte Prague pour les pays scandinaves puis les Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Il se lie à Claude Levi-Strauss qui l’initie au structuralisme, avec qui il travaille sur le sonnet de Baudelaire, Les Chats. De 1949 jusqu’à la fin de sa vie, il enseigne à Harvard.
En 1963, paraît en français aux éditions de Minuit le premier tome des Essais de linguistique générale dans lequel figure son fameux schéma de la communication, inspiré des travaux de Shannon. Ce schéma, très critiqué par les théoriciens de Palo Alto, présente cependant l’avantage de mettre en lumière les six fonctions premières du langage.

Ses contributions les plus connues sont :
-      Le schéma qui porte son nom
-      La mise au clair des six fonctions du langage
-      Ses propositions concernant le syntagme et le paradigme. 



Le schéma de la communication selon Jakobson

Ce modèle reconnu dans le monde entier, fondé sur la linguistique, est proposé en 1963 par Roman Jakobson (1896-1982). Ce linguiste russe développe un point de vue centré non plus sur la transmission d'un message, mais sur le message lui même, évitant ainsi les dangers d'instrumentalisation technique. Il est composé de six facteurs. À chacun de ces six facteurs est lié une fonction du message, explicitée par Jakobson.
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Le destinateur, lié à la fonction expressive du message,
Le message, lié à la fonction poétique du message,
Le destinataire, lié à la fonction conative du message,
Le contexte, l'ensemble des conditions (économiques, sociales et environnementales principalement) extérieures aux messages et qui influence sa compréhension, lié à la fonction référentielle du message,
Le code, symbolisme utilisé pour la transmission du message, lié à la fonction métalinguistique du message,
Le contact, liaison physique, psychologique et sociologique entre émetteur et récepteur, lié à lafonction phatique du message.
On notera l'apparition ou la réapparition des trois dernières notions (contexte, code, contact) qui complètent énormément la vision d'ensemble sur ce qu'est une communication.
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Ce schéma général de la communication humaine a été proposé en 1963, dans «Linguistique et poétique », In Essais de linguistique générale, Editions de Minuit, Paris, 209-248.



La fonction référentielle
Cette fonction concerne principalement le référent auquel renvoie le message. Autrement dit à cet état du monde dont parle le message. Il s'agit de la fonction informative de tout langage.
La fonction expressive
Elle est centrée sur le destinateur, sur l'émetteur et lui permet d'exprimer son émotion, son affectivité par rapport à ce dont il parle. Elle suppose l'acquisition d'un style, d'une façon bien personnelle de s'exprimer. Les onomatopées, les jurons, les formes exclamatives en général, les adjectifs à valeur expressive, etc. Tous les traits dits suprasegmentaux - intonation, timbre de la voix, etc. - du langage parler ou du genre mimique, les gestes, le débit, les silences, ont aussi une fonction expressive.
La fonction conative
Elle est centrée sur le destinataire. Il s'agit de reconaître au langage une visée intentionnelle sur le destinataire et une capacité d'avoir sur ce dernier un effet persuasif ou intimidant. C'est cette dernière orientation qui a été développée par les pragmaticiens à la suite de la théorie des actes du langage développée par Austin J.L. (1970), Quand dire, c'est faire, Paris, Seuil.  Les formes grammaticales qui permettent l'instanciation de cette fonction sont par exemple le vocatif, l'impératif. A titre d'exemples, pensons seulement à la publicité qui incite à acheter, aux politiciens qui incitent à voter, etc.
La fonction phatique
Cette fonction sert "simplement" à établir la communication, à assurer le contact et l'attention entre les interlocuteurs. il s'agit de rendre la communication effective et effective. Tous ceux qui sont habitués aux formes de communication médiatisée par ordinateur savent combien l'absence de ces modalités de régulation de la communication peuvent en entraver la convivialité et l'efficacité au sens le plus strict.
La fonction métalinguistique
La fonction métalinguistique répond à la nécessité d'expliciter parfois les formes mêmes du langage. A chaque fois que je m'assure que mes interlocuteurs partagent le même code que moi et, comme moi appellent bien un chat un chat, je fais appel à la capacité qu'a la langue de pouvoir expliciter ses propres codes, ses propres règles et son propre lexique.Autrement dit, quand je demande à mon interlocuteur "Qu'entends-tu exactement quand tu dis <galetas> ?" Je mets en oeuvre la fonction métalinguistique. Tous les ouvrages traitant du code, comme les grammaires ou les dictionnaires constituent ainsi d'excellents exemples de message à visée métalinguistique
La fonction poétique
Cette dernière fonction met l'accent sur le message lui-même et le prend comme objet. Il s'agit donc de mettre en évidence tout ce qui constitue la matérialité propre des signes, et du code.
Il s'agit de tous les procédés poètiques tels que l'allitération (le célèbre Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes), les rimes, etc.

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